domingo, 4 de outubro de 2009

Livre Rouge de Jung

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/151d0cfa-af91-11de-b378-4decd974acae/Publication-%C3%A9v%C3%A9nement_du_Livre_Rouge_de_Jung


psychanalyse

samedi3 octobre 2009


Publication-événement du Livre Rouge de Jung


«Mon âme, où es-tu? M’entends-tu? Je parle, je t’appelle, es-tu là?» Derrière les murs d’une paisible demeure au bord du lac de Zurich, un homme se débat contre son «ombre». Nous sommes en 1913. Dehors, malgré la catastrophe imminente, tout est calme. La façade de la vie de ce bourgeois zurichois ne présente aucun signe de désordre. Il est docteur en médecine, marié à la fille d’une riche famille industrielle de Schaffhouse, enceinte de son cinquième enfant.

Dedans, c’est l’abîme. Des rêves terrifiants la nuit, un imaginaire qui défie la lumière du jour, peuplé de figures maléfiques ou tutélaires. Un sacré «trip».

D’autres à sa place, épouvantés, auraient peut-être trouvé refuge à l’asile. Mais l’homme s’appelle Carl Gustav Jung et la spéléologie de l’âme humaine est sa passion. Il plonge. Après avoir traversé l’enfer, porté Dieu sur son dos, mangé le foie d’un enfant et longuement dialogué avec un sage ailé nommé Philémon, il réémerge, apaisé et riche d’une méthode qui marquera l’histoire de la psychanalyse.

Un instrument de sa victoire est son journal de voyage. Lorsque commence sa «confrontation avec l’inconscient», l’analyste zurichois, qui vient de vivre une rupture douloureuse avec Freud, commence par rédiger six petits cahiers noirs. Puis il ressent le besoin de transformer son récit en une œuvre artistiquement plus élaborée. Le résultat est un grand livre rouge, peint et calligraphié, qui ressemble à un ouvrage médiéval enluminé. C’est en tout cas l’impression laissée par la seule page du livre qui ait été jusqu’ici donnée à voir au public.

Car Le Livre rouge de Carl Gustav Jung, cette pièce maîtresse de l’histoire de la psychanalyse, est resté impublié jusqu’à ce jour, jalousement protégé par ses descendants dans le coffre d’une banque zurichoise. Tout le monde (jungien) connaissait son existence, quelques rares privilégiés seulement l’avaient feuilleté, et depuis la mort du maître en 1961, sa famille repoussait impitoyablement toutes les sollicitations dont il faisait l’objet.

L’obscur trésor n’est ressorti de son coffre que cet été, pour être transporté, en mallette capitonnée, dans un studio où il a été scanné page par page. Une journaliste du New York Times , Sara Corbett, a eu le privilège d’assister au cérémonial. Ulrich Hoerni, petit-fils de Jung chargé de ses archives, est arrivé, raconte-t-elle, avec brosse à dents et sac de couchage: l’opération allait durer plusieurs jours et il n’était pas question de laisser le manuscrit sans surveillance nocturne. Lorsqu’un matin, Sara Corbett, désormais rompue aux habitudes du milieu, a salué le descendant du maître en lui demandant s’il avait rêvé, ce dernier a acquiescé: il avait vu Le Livre rouge en feu.

Ce n’était qu’un rêve. Le fac-similé, additionné d’une traduction anglaise et de notes abondantes, doit sortir de presse le 7 octobre. Et l’original sera exposé jusqu’à fin janvier à New York (lire encadré). Pour la planète psy, c’est un événement historique. Des inédits de cette importance, on n’en trouve pas un par siècle.

Parmi les autres personnes présentes à Zurich cet été, outre une délégation de l’éditeur new-yorkais Norton, il y avait Sonu Shamdasani, l’homme grâce à qui tout est arrivé.

Sonu Shamdasani, qui enseigne l’histoire de la médecine à Londres, a commencé ses manœuvres d’approche de la famille Jung en 1997. Il a déniché, contre toute attente, des copies partielles du Livre rouge distribuées par le maître à quelques proches. Et il a dégainé l’argument massue: un jour ou l’autre, avec ou sans l’accord des héritiers, le livre sortira de l’ombre. En mains ennemies, c’est une bombe. Mieux vaut prévenir le scandale avec une publication maîtrisée et complète. Cette dernière, financée par une fondation américaine ad hoc, a coûté près de dix ans de travail au jungien londonien.

Dans le New York Times, Sonu Shamdasani se dit persuadé que l’œuvre rouge marquera non seulement l’histoire du mouvement jungien mais aussi qu’elle parlera à tout être humain, car elle est porteuse d’un message universel: «Valorisez votre vie intérieure.»

En flairant le parfum du Livre rouge, on comprend pourquoi les hippies ont fait de Jung leur auteur fétiche. Mais aussi pourquoi lui-même a hésité à mettre ce journal halluciné entre toutes les mains. «Aux yeux d’un lecteur superficiel, tout cela n’est que folie», écrit-il dans un épilogue rédigé en 1959.

Deux ans plus tard, Carl Gustav Jung meurt sans avoir laissé d’instructions quant au sort du livre. Depuis, sa nombreuse descendance – cinq enfants, dix-neuf petits-enfants dont cinq vivants – a passé une bonne partie de sa vie à se demander ce que l’on peut dévoiler ou non de la vie et de l’œuvre du drôle de bourgeois zurichois. Il faut dire que sa face cachée ne se limite pas à ses visions mystico-mythologiques. Elle comprend aussi de forts penchants polygames, également très peu refoulés.

Son petit-fils Andreas Jung, qui vit dans la maison familiale de Küsnacht, a raconté à Sara Corbett comment, enfant, il trouvait les adultes stupides de se perdre dans d’interminables débats à propos de la publication de telle ou telle lettre du grand-père. Mais aussi comment, devenu adulte, il s’est retrouvé avec ses cousins à reproduire exactement les mêmes palabres. Finalement, note Ulrich Hoerni, la publication du Livre rouge est une manière de délivrer les générations futures d’un trop pesant dilemme.

Aux jungiens maintenant d’assumer le poids de l’inquiétude: Le Livre rouge peut-il vraiment être mis entre toutes les mains? Quels sont les risques pour la réputation de l’école dont ils se réclament (lire ci-dessous)?

«De profundis», on croirait entendre le petit rire de Carl Gustav. N’a-t-il pas lancé un jour: «Dieu merci, je suis Jung et pas jungien.»

Um comentário:

  1. Talvez seja bem interessante para qualquer psicianalista realmente sério e não fervoroso correr os olhos sobre esse livro, histórico (1913) (dizem)... do ponto de vista da psicanálise ou do humano? Algum livro, se realmente escrito e não forjado por Jung (pupilo que, segundo se diz, mais frustrou Freud na transmissão do seu legado), que fale de "vida interior", e ainda de uma viagem enlouquecida ao inconsciente a partir do estranhmento de um nome, deve ser objeto valioso de compreensão para o campo psicológico, senão, para a literatura, ao menos. Fiquei curioso...

    Merci,

    Helton

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